Je suis moi-même très partagé sur ce nouveau système et j’ai voulu écrire cet article pour faire le point sur les bons côtés et manques cruels de ce nouveau système.
Pourquoi la question de passer à Lion ou pas se pose-t-elle tellement ?
En fait, la question que l’on devrait se poser, c’est surtout, pourquoi a-t-on tellement envie de passer à la nouvelle version d’un système dès sa sortie ? Pour le particulier, la réponse la plus simple peut être simplement qu’il n’y a aucune raison de changer… Alors qu’en fait, c’est souvent pour le particulier que le changement est le moins rude. Pour le professionnel, qu’il soit seul ou responsable d’un parc de machines, la réponse est beaucoup plus complexe. Il est certain que s’il n’y a pas de problème, il n’y a pas de raison de mettre à jour les machines du parc. D’autant plus qu’une mise à jour implique souvent des incompatibilités avec d’anciens logiciels, avec des drivers (souvent ceux des gros copieurs) et parfois même avec l’infrastructure réseau. Le problème est que justement, quand on a un parc de machines à gérer, on doit « régulièrement » acheter de nouvelles machines. Les prochaines machines ne seront vendues qu’avec la nouvelle version de Mac OS X et il sera bien entendu impossible de les faire tourner avec un système plus ancien. Il faut donc dès que possible tester et intégrer ce nouveau système pour ne pas être pris de court…
Avec Mac OS X Snow Leopard, Apple avait, selon ses propres termes, fait une pause dans les fonctionnalités pour permettre un nettoyage du système et repartir sur de bonnes bases. Avec Mac OS X Lion, ils ont décidé de rajouter des pièces d’iOS dans Mac OS X et de rajouter tout un tas de fonctions… Mais à quel prix ? Beaucoup de choses ont été simplifiées, parfois beaucoup trop. Et surtout, le point le plus important : Rosetta, la couche logicielle qui permettait depuis plusieurs années de faire tourner les applications PowerPC sur les nouveaux Mac à processeur Intel, a été supprimée. Il fallait s’y attendre, mais cela n’empêche qu’il y a encore de nombreux logiciels, non maintenus mais forts utiles, qui n’ont jamais été mis à jour en Intel. Nous verrons les différents cas de figure dans cet article.
Si certains ont la chance de ne pas avoir besoin de Rosetta, ceux qui en ont besoin, parfois sans le savoir, vont être très pénalisés.
Pour savoir si vous avez de telles applications sur votre ordinateur, la manière la plus fiable est d’aller dans l’application « Informations Système », dans la partie Logiciel, et de cliquer sur Applications. Là, vous aurez la liste de toutes les applications installées sur votre ordinateur. Vous pourrez trier par la colonne Type et ainsi voir toutes celles qui sont « PowerPC ».
Savoir quelles applications sont PowerPC, c’est bien, mais savoir comment faire après, c’est mieux… Pour la plupart des applications, vous trouverez une mise à jour, souvent payante. Pour d’autres, vous trouverez facilement des remplaçantes. Mais il est des cas où le remplacement est impossible. Un exemple tout bête. Vous êtes développeur 4D et vous devez maintenir pour des clients des bases 4D en version 2004 voire même des versions plus anciennes. Toutes ces versions ne sont qu’en PowerPC et passer dans une version de 4D plus récente oblige à faire des modifications de code que le client n’est pas forcément prêt à faire, pour des raisons de coût, bien sûr, mais aussi par peur de changer quelque chose qu’il a en place et qui fonctionne.
Dans ce cas là, il n’y a pas d’autre choix que d’avoir sous la main un Mac OS X pré-10.7 pour faire tourner ces applications. Le plus simple, mais pas forcément le plus pratique, c’est de dédier une machine pour qu’elle reste en Mac OS X 10.6 pour ces applications spécifiques. Le plus pratique serait de virtualiser Mac OS X 10.6 dans une machine virtuelle, et là encore, cela se complique. La licence d’utilisation de Mac OS X Snow Leopard n’est pas très claire sur la possibilité « légale » de faire tourner Mac OS X 10.6 dans une machine virtuelle. Personnellement, je ne vois rien qui l’interdit, mais chez VMWare et Parallels, ils pensent que la licence ne l’autorise pas et empêchent donc son installation. Le problème ne se pose pas avec la version serveur, mais encore faut-il avoir une version serveur… En considérant que ceci est légal, on a le choix entre ces différentes possibilités :
L’autre point qui fait beaucoup de bruit paraît infime et sans intérêt… Mais il pose réellement problème en faisant perdre beaucoup de temps à tous ceux qui avaient l’habitude d’utiliser la barre latérale du Finder. Les icônes de la barre latérale sont maintenant gris, sans aucune couleur distinctive… De plus, mais c’est moins gênant, bien que déstabilisant, les disques sont maintenant relégués tout en bas de la barre latérale, et le disque de démarrage est maintenant caché par défaut de cette barre. Bien sûr, aucun moyen de remettre de la couleur, aucun moyen de remettre les disques en haut de la barre… Et parfois, cela crée des incohérences assez cocasses… Regardez l’image ci-dessous, reprenant un dialogue d’ouverture de fichier que l’on retrouve dans certaines applications (les autres applications ont un dialogue aussi terne que le Finder) au dessus d’une fenêtre du Finder…
D’autres nouveautés font polémique :
Il y a heureusement de nombreuses nouveautés qui sont des vraies améliorations :
Avant de parler de la partie serveur, regardons ce qui change au niveau de l’administration d’un poste. Le premier « problème » va être la gestion des achats sur le Mac App Store. On parle de possibilités d’achats en nombre, mais limités aux états-unis. J’attends donc avec impatience de voir comment cela peut être géré quand on s’occupe d’un parc de machines et que certaines applications ne sont disponibles que par le Mac App Store. D’un autre côté, un utilisateur devrait maintenant pouvoir gérer ses propres achats qui sont installés dans le dossier Applications de l’utilisateur.
Il est maintenant possible, lorsqu’on se connecte à un ordinateur distant par la fonction de Partage d’écran, de choisir si on veut interagir avec l’utilisateur actuellement connecté ou si on veut, au contraire, ouvrir en parallèle, une session sur un autre compte utilisateur.
Le nouvel écran de connexion est épuré et élégant. Mais là encore, le côté esthétique l’a emporté sur le côté pratique. Il n’est pour l’instant pas possible de modifier l’image de fond, ce qui était très utile pour identifier un service au premier coup d’œil, ou rappeler les règles d’utilisation de la machine en les mettant en fond d’écran. Personnellement, j’avais un script qui changeait le fond d’écran de login à chaque déconnexion… Ce n’est pas tout. Les informations sur la machine, comme son nom, son adresse IP, la version du système… Il est maintenant nécessaire de positionner un defaults [1] pour avoir accès à ces informations, et encore, il est nécessaire de cliquer sur l’horloge (bien cachée en haut à droit de l’écran, juste à côté du sélecteur de clavier, lui aussi bien caché) pour afficher ces informations.
Autre problème. Il n’y a pas de média d’installation de Mac OS X Lion et aucun moyen facile et officiel d’en avoir un. Il existe cependant une solution pour pouvoir générer un média de démarrage, mais il faut penser à faire la manipulation avant de lancer l’installation de Lion sur la machine, ou re-télécharger l’installeur. Dans le dossier Applications, cherchez l’application Installation Mac OS X Lion
faites un clic-droit dessus et choisir Afficher le contenu du paquet, de là, naviguez dans le dossier Contents puis SharedSupport. Glissez le fichier « InstallESD.dmg » sur l’application Utilitaire de disque. De là, vous pourrez gravez l’image disque sur un DVD ou la restaurer sur une partition d’un disque externe, voire même sur une clé USB. (4,5Go nécessaire)
Petite anecdote utile à savoir. Si une machine sous Mac OS X Lion peut effectivement se connecter à un Leopard Serveur (10.5), cela n’est pas supporté complètement. On ne pourra par exemple pas faire une liaison authentifiée avec le serveur Open Directory de Leopard Serveur. Il faudra également rajouter manuellement la machine sous Lion au Gestionnaire de Groupe de Travail du serveur Leopard pour pouvoir gérer ses préférences.
La partie Serveur a également beaucoup changé et perturbera sans doute beaucoup de monde. À partir de Mac OS X Lion, il n’y aura plus, en effet, de système serveur à part. Au lieu de cela, c’est juste une application (en fait un peu plus, puisqu’elle installe tout un tas de choses) que l’on peut acheter sur le Mac App Store pour 40€ et qu’on installe dans son Mac OS X Lion standard.
Beaucoup voient là la conclusion de la démarche visant à supprimer définitivement le support des serveurs et des entreprises et qui avait commencé par la fin des XServe. La question se pose effectivement, et on sent bien, dans toutes les dernières décisions sur le sujet, qu’Apple se recentre vers les toutes petites entreprises et délaisse de plus en plus les grosses infrastructure. Il n’y a en effet toujours pas de réelle solution de remplacement pour les XServe, il n’y a pas non plus d’autorisation de virtualiser Mac OS X « Server » sur autre chose que des Macs (le support des XServe dans le dernier VMWare ESXi aurait pu être une bonne chose pour conserver ses serveurs, mais ne servira finalement qu’à migrer vers d’autres systèmes si rien ne change).
Pour cette nouvelle mouture de la solution système serveur, cette tendance se fait de plus en plus sentir. La première idée qui vient à l’esprit est que la gestion s’est simplifiée, et que c’est une bonne chose. Les petites structures hésiteront moins à se lancer dans l’installation d’un serveur et cela permettra sûrement de leur apporter des solutions facilement. Le deuxième effet Kiss-Cool est beaucoup moins agréable… Passé cette interface simplifiée, les habitués chercheront longtemps certaines fonctionnalités qui existaient depuis longtemps dans Mac OS X Server. Pour beaucoup de configuration fines, finie la belle interface, il faudra passer par la ligne de commande… Et on commence alors à se demander quel intérêt il reste à un Mac OS X Server face à un Linux dans un environnement un peu complexe…
Tout d’abord, au niveau de l’installation. Il semblerait que si on installe Lion en mettant à jour un système serveur, ou à partir d’un système serveur, on pourra directement installer l’application Serveur et configurer le serveur dès l’installation. Mais, si on veut faire une installation à partir de zéro, il n’y aura pas d’autre choix que d’installer un Lion normal, configuré comme tel, et de le configurer après en serveur. Les outils d’administration (Admin Serveur, Gestionnaire de Groupe de Travail etc.) ne sont plus installés par défaut quand on installe l’application Serveur et que l’on configure son système comme un serveur. Il faut les télécharger à part, ce qui est assez déstabilisant étant donné qu’ils restent nécessaires pour gérer de nombreuses fonctions essentielles.
L’application Serveur reprend une partie des fonctions de Admin Serveur et du Gestionnaire de Groupes de Travail. On pourra ainsi y créer et configurer les utilisateurs et les groupes, et aussi les points de partages, mais il ne sera pas possible d’y gérer les préférences (MCX) des utilisateurs, ni gérer finement les droits d’accès (ACL)…
Le point le plus intéressant de cette application est « l’aide à la configuration » qui apparaît en bas de la fenêtre et qu’Apple appelle simplement Étapes suivantes. Cette fonctionnalité vous guide dans les différentes étapes de configuration de votre serveur pour vous aider à faire les choses dans l’ordre, tout en vous donnant quelques conseils.
Ensuite, voici ce que permet de configurer cette application :
Pour conclure, cette application Serveur est assez bien pensée, elle est simple d’utilisation et agréable à utiliser. Elle regroupe l’ensemble des services liés aux utilisateurs. Elle serait très bien si elle n’avait pas sonné le glas de certaines fonctions dans Admin Serveur comme on va le voir ci-dessous. Pour le Gestionnaire de Groupe de Travail, l’ensemble des fonctionnalités qu’il a perdu semblent, elles, reprises dans l’application Serveur et il se concentre ainsi essentiellement sur la gestion des MCX.
Revenons sur le pauvre Admin Serveur qui a été dépouillé :
De nombreux services ne sont plus disponibles dans cette application. Comme on peut le voir dans l’image.
Voici donc la liste des services qui ne sont plus présents dans Admin Server :
Les services qui restent semblent être identiques à ce qu’il y avait dans Snow Leopard et on pourra donc gérer toujours de la même manière les services DHCP, DNS, Coupe-Feu, Courrier, NAT, NetBoot, Open Directory, Podcast Producer, RADIUS, Mise à jour de logiciels et XGrid.
Bref, tout ce qui faisait de l’interface d’Apple quelque chose d’à part pour configurer des services parfois compliqués, a perdu un peu de son âme. Je trouvais l’interface d’Apple assez complète pour la plupart des usages, même s’il fallait parfois aller plonger dans les fichiers de configuration. Maintenant, c’est certes simplifié, mais il va falloir aller fouiller dans les fichiers de configuration encore plus souvent qu’avant et les personnes qui ont des configurations un peu complexe n’ont plus aucun intérêt à se tourner vers un Mac pour les gérer…
Le Gestionnaire de Profils Ce nouvel outil, accessible par une interface web, donc facilement de n’importe où, permet de gérer différentes configurations de machines sous Mac OS X, mais aussi d’appareils sous iOS.
L’interface est relativement bien faite, on navigue assez facilement et on peut gérer apparemment presque les même choses qu’avec les MCX du Gestionnaire de Groupes de Travail.
Le gros avantage c’est que l’on peut du coup centraliser la configuration de postes distants qui ne se connectent que rarement au serveur. Un autre énorme avantage par rapport aux MCX « classiques » est que l’on peut vérifier quand une configuration a été mise à jour ou pas, si la mise à jour s’est bien faite, etc. On peut ainsi s’assurer que les informations et autorisations sur un poste sont les bonnes.
Il permet également de vérifier certaines informations sur la machine comme l’espace disque, la mémoire, le numéro de série, les applications installées… Bref un rapport un peu moins complet que ce que permet Information Systèmes Apple, mais qui, à distance, peut être très pratique…
Ce gestionnaire de profils semble donc très prometteur et il va falloir le mettre à l’épreuve pour tester réellement ce qu’il vaut. Notamment, il va falloir s’assurer du fonctionnement des différentes configurations dans le gestionnaire de groupes de travail et dans le gestionnaire de profils.
Je ne saurais toujours pas quoi vous conseiller. D’une manière générale, et d’un point de vue utilisateur, je pense que Lion est effectivement une bonne avancée. J’espère juste que quelques défauts de jeunesse vont disparaître au fur et à mesure des versions (je ne peux pas m’habituer à ce Finder sans couleurs, c’est à la fois moche et contre-productif.
D’un point de vue administrateur pour la partie serveur, c’est autre chose…. Si je trouve très attrayant le gestionnaire de profils, pour le reste je reste dubitatif. Il sera « parfait » pour tous ceux qui n’ont pas osé installer un serveur jusqu’ici. Il plaira peut-être à d’ancien utilisateurs qui n’ont pas pour habitude de fouiller dans les options disponibles. Mais pour les administrateurs de parcs hétérogènes, ou qui doivent utiliser des configurations particulières, je ne vois pas l’intérêt de passer à Lion, bien au contraire. Si les outils serveur n’évoluent pas, il faudra même prévoir de s’orienter vers d’autres solutions pour les services important et ne garder éventuellement un serveur Mac OS X que pour certaines fonctions très limitées…
[1] sudo defaults write /Library/Preferences/com.apple.loginwindow AdminHostInfo HostName
Mais, si on veut faire une installation à partir de zéro, il n’y aura pas d’autre choix que d’installer un Lion normal, configuré comme tel, et de le configurer après en serveur.
En fait c’est possible d’installer directement Lion Server depuis un Snow Leopard. Pour cela, il faut que l’application Server soit dans le même dossier que l’application d’installation de Lion. Lors de l’installation de Lion, il est alors possible de cliquer sur « custumize » pour faire apparaître la partie Serveur.
De toutes façons, si j’ai bien compris, Lion ne peut pas s’installer sans Snow Leopard, même après avoir placé l’image sur une clé USB. Seule solution : Netrestore. http://support.apple.com/kb/HT4746